Extrait du livre Zette et Zotte à l'uzine
Zette et Zotte à l'uzine d'Elsa Valentin et Fabienne Cinquin aux éditions L'atelier du poisson soluble
Zette et Zotte à l'uzine
Deux soeurettes zouvrilleuses zouvrillaient dans une uzine qui fabricolait des zabits de louxe. Elles gagnaient des miettes et quelques légumes.
Chaque soir elles devizaient en faisant cuire la sop. - Le trapron faudrait le boustifailler comme un cornichon ! disait Zette. Mais ça va pas la tête ? s'offusqua Zotte? - Ma tête elle te dit : manifle, grave généreule et révoluture ! - Pff! Ca sert à nada. Vaut mieu faire des zeurs-sop pour gagner plus de beurre dans les zépinards.
- Des zeurs-sop ? Et pis quoi encore ? T'es pas follette ma Zotte ? - Pas follette du tout. Si je zouvrille mieux que les zautes, je vais prendre l'ascenseur-saucisse et gravir tous les étages de l'uzine. - Il est nul l'ascenseur-saucisse. Il n'y a qu'une seule place dedans et ça c'est inégoual. En plus c'est les zautes qui turbinent la manivelle pour le faire monter. Et ça c'est pas zuste. - M'en fous, je veux le prendre, moi.
Un jour le trapron, qu'on ne voyait jamais, fit dire par le sous-chef que les zouvrilleuses lui coûtaient trop cher et que désormais, à la place des légumes, elles gagneraient des épluchures. C'en était trop. Les zouvrilleuses se rassemblèrent à la sortie de l'uzine et Zette parla de grave généreule et de révoluture. - Mais si vous faites la grave, vous n'aurez plus la moindre épluchure, protesta Zotte. Et qu'est-ce que vous allez boustifailler, alors ?
- On n'a qu'à faire la grave la nuit, et le jour on zouvrillera, proposa Zette, comme ça on ne perdra pas une miette. Chaque soir il y eut une manifle devant l'uzine, suivie d'une assemblée généreule qui se poursuivait tard dans la nuit.