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Les Mémoires de Satan

Les Mémoires de Satan

9-12 ans - 74 pages, 9856 mots | 1 heure 12 minutes de lecture | © L'Atelier du Poisson Soluble, 2005, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Les Mémoires de Satan

9-12 ans - 1 heure 12 minutes

Les Mémoires de Satan

Enfin ! La création du monde racontée par l’un des principaux témoins.

Enfin ! Des assurances proposées aux parents qui redoutent que leur enfantne devienne père Noël.

Enfin ! Le football se joue sans ballon.

"Les Mémoires de Satan" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
Du même éditeur :

Extrait du livre Les Mémoires de Satan

Les MÉMOIRES de SATAN NOUVEAUX CONTES LOUFOQUES Pierre Cormon Illustré par Claire Gourdin


Les MÉMOIRES de SATAN NOUVEAUX CONTES LOUFOQUES Pierre Cormon Illustré par Claire Gourdin
Les MÉMOIRES de SATAN NOUVEAUX CONTES LOUFOQUES Pierre Cormon Illustré par Claire Gourdin L'atelier du poisson soluble
PREMIERE PARTIE I Autant le dire tout de suite : c'est moi Satan. J'ai si mauvaise réputation que mon éditeur a insisté pour me faire prendre un pseudonyme (il penchait pour Alvaro Le Blanc). J'ai refusé. Depuis des milliers d'années, je souffre de l'idée qu'on se fait de moi. Chaque fois qu'on me maudit, qu'on m'attribue tous les maux du monde, les mots claquent comme des gifles et je reste là, sans comprendre comment je peux être l'objet de tant d'hostilité. Oui, bien sûr, je n'ai jamais essayé de détromper les hommes. J'ai laissé circuler des fables sur mon compte. C'est le dernier soupçon de respect pour l'Autre, que j'ai adoré, avec les autres anges, pendant des milliards d'années. Ah oui, je peux dire que je L'ai aimé... À tel point que pendant tout ce temps, j'ai attendu qu'Il Fasse un geste envers moi, Reconnaisse honnêtement Ses torts et Accepte de Repartir sur des bases nouvelles... En vain. j'ai peur qu'Il ne Puisse plus changer . C'est pour cela que j'ai décidé de prendre la plume. Le temps est venu de raconter La Vérité, toute La Vérité, rien que La Vérité.
II Rien ne serait arrivé si tout n'avait été aussi parfait, Là-Haut. Rien à redire, rien à refaire, rien à corriger. Nous nagions en permanence dans la béatitude. J'étais à la tête d'une troupe d'anges chargée de chanter Ses louanges. Erzébuth et Belechiel tenaient la ligne basse, Ator et Moroth faisaient office de barytons, Elegias et Sygalon de sopranos et je servais de ténor. Notre musique était éternelle, c'est dire qu'elle n'avait jamais été composée et ne pouvait être améliorée-: elle était déjà parfaite. Il est difficile, dans un monde où règne l'imperfection, de se représenter ce qu'elle pouvait être, encore que certaines oeuvres d'Arvo Pärt puissent en donner une vague idée. Elle était tout euphonie, tout eurythmie, à la fois majeure, mineure et chromatique. Éternellement, nous répétions le même numéro-: notre nuage arrivait par la droite, un peu en dessous du Sien, remontait légèrement et le contournait. Puis nous nous envolions sur la gauche, disparaissions et recommencions. Belechiel, qui conduisait le nuage, réglait son rythme sur celui des alléluias : troisième alléluia, on tourne, cinquième alléluia, on passe devant Son nuage, septième alléluia, on remonte. Jamais il ne commettait la moindre erreur, malgré les amen que Moroth lançait à contretemps et qui en auraient embrouillé plus d'un. Comme il n'existait pas le moindre problème ni la moindre divergence d'opinion, les sujets de conversation étaient limités. De temps en temps un "Gloire au Très-Haut", auquel on répondait par un "Que Sa volonté soit faite" ou à la rigueur un "Béni sois-tu". Et toujours, ces éternels sourires ravis, béats, qu'on ne manquait pas d'arborer chaque fois que l'on croisait un autre regard. Le plus large sourire, c'était Le Sien, toujours là, énorme, imperturbable, à l'image de Sa félicité. Nous étions tous infiniment bienheureux mais il était acquis que Lui l'Était encore plus, si tant est qu'un infini puisse être supérieur à un autre. Nous ne L'enviions pas pour cette parcelle de bonheur supplémentaire. Au contraire, nous nous réjouissions de Son état et quelques commentaires sur le sujet venaient parfois pimenter nos conversations : "Ah, qu'Il A l'air heureux ! Quelle perfection émane de Sa personne !" Il était de bon ton de répondre : "Qu'Il en Soit remercié ! Son bonheur nous irradie tous !" (je crois même qu'une fois Moroth a ajouté : "Qu'il est meilleur qu'il y ait l'être que le non-être !", pensée qui m'avait surpris par son audace : comment imaginer que tout cela ne fût pas ?) D'autres troupes d'anges tenaient des rôles divers dans ce grand spectacle en hommage à Sa grandeur. Il y avait les anges trompettistes, qui soufflaient sans relâche dans leurs instruments, l'ange accordéoniste, dont le béret basque cachait une tête prodigieusement bien faite pour la musique, les anges choristes, qui nous accompagnaient de leurs "Amen, ainsi soitil", les anges danseurs et leurs lestes contorsions, les anges prieurs, qui se recueillaient sur leurs nuages, les anges témoins, dont la seule fonction consistait à être là pour attester de Sa Gloire, l'archange RaphaÎl, responsable de l'éclairage et bien entendu, l'archange Gabriel, Son éternel serviteur, qui réglait le tout avec maestria. Il y avait peu de contacts entre les différentes troupes d'anges. Pour des raisons purement techniques : la trajectoire qu'effectuait notre nuage, par exemple, ne nous permettait jamais d'approcher à distance raisonnable des anges témoins. Mais aussi par manque d'intérêt : qu'aurions-nous pu rechercher chez les autres ? Certes, me suis-je dit quelques années plus tard alors que je tenais le bar d'une boîte à chansons de Saint-Germain-des-Prés, j'aurais pu profiter de ces milliards d'années pour apprendre à jouer de l'accordéon. Négligence regrettable, mais excusable : à l'époque, personne ne voyait la moindre utilité à faire autre chose que ce qu'il faisait à la perfection. Pour quelle raison un ange ténor aurait-il désiré prendre le rôle d'un ange musicien ? Comment aurais-je pu deviner qu'un jour, j'en serais réduit à gagner ma vie en servant des whiskies dans un monde qui n'avait pas encore été créé ?
III Et pourtant, ce jour-là... (je dis ça, façon de parler : avant la création du monde n'existaient ni le jour ni la nuit). Ce jour-là, donc... Je m'en souviens comme si c'était hier. Ah, on peut dire que j'ai été un témoin privilégié ! J'étais là, juste en face de Lui et rien ne m'a échappé. C'est arrivé un peu après le quatrième alléluia. Belechiel avait à peu près terminé de négocier le virage et nous entamions la courte ligne droite qui nous faisait passer devant Son nuage. La musique, à cet instant, était en plein decrescendo, ce qui explique que nous L'ayons si distinctement entendu. Les trompettes s'éteignaient en un léger murmure, et l'accordéon les suivait. Nos voix n'étaient plus qu'un léger susurrement. Je Le regardais de tous mes yeux, pour me repaître de la vue de Sa béatitude, la seule nourriture que nous consommions dans ce monde parfait. Mais cette fois, au lieu de Son éternel sourire flottait sur Ses lèvres une espèce de grimace. Et c'est alors que je prenais mon souffle pour le cinquième alléluia que Sa voix a retenti, terrible et puissante comme le tonnerre : - Tout ça est bien joli, mais On S'Emmerde !!! La troupe des anges est restée pétrifiée. Un silence épais a flotté pendant quelques minutes, puis la voix de l'archange Gabriel s'en est péniblement extraite. - Mais enfin, Seigneur, comment Pouvez-Vous... Et les anges qui... depuis l'Origine des origines... - Justement, A-t-Il Répondu. ça fait des milliards d'années qu'ils m'emmerdent avec leur numéro qui ne varie pas d'un iota. J'ai Supporté ça en silence jusqu'à présent, mais Ma patience a des limites. J'en Ai marre. Marre de ces alléluias, marre de ces trompettes, marre de ces danseurs, marre de ces imbéciles d'anges témoins qui Me dévorent du regard comme si J'Étais un gâteau dans la vitrine d'un pâtissier. Il est impossible de peindre la consternation qui s'est abattue sur l'assistance. Notre univers entier s'écroulait. Nous qui vivions pour Lui, pour Lui uniquement, pour Sa satisfaction et Son contentement, voilà qu'Il nous Reniait. L'un des anges témoins, qu'Il Avait si violemment pris à partie, s'est mis à pleurer et c'était les premières larmes depuis l'Origine des origines. - Eh bien, nom de nom, dites quelque chose, A Tonné l'Autre. - C'est que, Seigneur, ce que Vous Dites est si inattendu, si surprenant... a balbutié Gabriel. - Quoi, tu ne vas pas pousser l'hypocrisie jusqu'à prétendre que tu n'es pas d'accord ? Que tu apprécies ce misérable spectacle ? - C'est que, Seigneur, je... à vrai dire... Je pense ce que Vous Pensez... Il faut ici excuser l'ange Gabriel de sa pleutrerie. Depuis l'Origine des origines, personne n'avait jamais eu à exprimer la moindre opinion. C'était une chose tout à fait nouvelle que de se faire Questionner de la sorte et nul parmi nous, ne s'en serait moins pitoyablement tiré. L'Autre S'Est Rapproché, l'air Méprisant. - Eh bien, c'est tout ce que tu trouves à dire ? Cette fois, Gabriel a grommelé si indistinctement que nous n'avons pas compris un mot. - Écoutez-Moi bien, A Crié l'Autre. Pendant des milliards d'années, vous M'avez emmerdé. Aujourd'hui, pour la première fois, Je vous Demande de Me distraire. Trouvez-Moi une idée amusante. N'importe laquelle. Cherchez ! On entendait voler les mouches. Réfléchir était une activité tout à fait inconnue et nous ne savions pas trop comment nous y prendre. - Peut-être... a suggéré l'archange Raphaël au bout d'un moment, peut-être qu'on pourrait supprimer un alléluia et le remplacer par un amen... Tout le monde s'est lancé dans la brèche. - Oui, s'est exclamé Ator, et les choristes pourraient faire un léger crescendo sur le septième "ainsi soit-il"...
- Et encore, a renchéri un ange témoin, peut-être que le nuage des anges trompettistes pourrait passer un peu plus près du Vôtre, deux ou trois mètres, peut-être, avec une courbe un peu plus marquée... - Et je pourrais m'approcher un peu plus du bord du nuage en dansant... - Et nous pourrions reprendre la mélodie une octave plus haut... - Et au lieu de Vous contourner par la gauche, nous pourrions Vous contourner par la droite... - Et bien Seigneur, a demandé l'ange Gabriel avec un sourire béat. Nous avons tourné notre regard vers Lui. Et nous L'avons vu, la tête entre les mains, Secoué de spasmes. Il S'Est Redressé et A Crié : - Mais qui M'a foutu une telle bande d'incapables-? C'est à ne pas y croire ! C'est du neuf, que Je vous Demande, vous entendez ? Du neuf-! Nous nous sommes regardés dans le blanc des yeux. Puis un ange trompettiste s'est risqué : - Qu'est-ce que ça veut dire, du neuf ? - Du neuf, Mon petit ami, c'est quelque chose qu'on n'ait encore jamais vu, ni entendu. Quelque chose qui Me surprenne, et qui n'ait rien à voir avec vos alléluias. Un silence embarrassé s'est installé. Je commençais à compter mes doigts de pied (je n'en avais jamais eu l'occasion), pendant que Moroth regardait autour de lui, l'air désespéré. - C'est que, Seigneur... a murmuré l'archange Gabriel... - C'est que, c'est que, J'en Ai marre de tes "c'est que". Marre de vos tronches de chérubins, de cette béatitude, de votre servilité et de toute cette perfection. Tout est trop parfait. Il A Laissé Vaquer Son regard. - Si au moins vous aviez quelques défauts... Si un ange trompettiste pétait en plein solo... faisait une fausse note... ou qu'un ange témoin lui volait son instrument... - Mais voyons, Seigneur, Vous Savez bien que c'est impossible. Nous sommes essentiellement parfaits... - C'est bien le problème. Il n'y a plus rien à tirer de vous. Il faudrait autre chose. - Autre chose ? En dehors de nous, de nos liquettes et de nos instruments, il n'existe que les nuages... - Ouais, je sais... Nous sommes prisonniers de la perfection... Il s'Est tu un instant. Et soudain, un immense sourire Lui a illuminé la face. - J'ai Trouvé ! Puisque tout est si parfait et si ennuyeux... Nous allons créer quelque chose d'imparfait ! IV L'idée était si surprenante que d'abord, beaucoup d'anges ne l'ont pas comprise. - Imparfait, comment ça imparfait ? - Peut-on être et ne pas être parfait ? Mais l'Autre Était si Absorbé par Son idée qu'Il ne S'Est pas Donné la peine de leur Répondre. - C'est cela, A-t-Il Repris, quelque chose d'imparfait. Des créatures imparfaites. - Des créatures ? - Vous Voulez Dire, d'autres anges ? - Non, non. Ce seront des êtres créés à Mon image, mais dotés d'un entendement limité... Sans ailes et avec des personnalités un peu plus contrastées que les vôtres.
- Mais, si je puis me permettre, Seigneur, dans quel but ? a demandé l'archange Gabriel. - Eh bien... pour changer, quoi... Pour les observer... - Mais qu'est-ce qu'elles auront de plus que nous-? s'est inquiété l'archange Raphaël. - Eh bien, ce seront des êtres imparfaits et libres, capables de choisir entre le bien et le mal. «a sera un peu plus pimenté que vos alléluias ! - Le mal ? - Oui, une idée qui M'est venue à l'esprit. Le mal, ce sera le contraire du bien. Ce sera par exemple tuer, blasphémer, mentir. Je me suis risqué à intervenir. - Excusez-moi, Seigneur, est-il vraiment nécessaire de laisser ces maux apparaître ? Ne vivons-nous pas mieux sans eux ? - Non, car sans mal, le bien ne vaut rien. Quel mérite ont Gabriel et Raphaël à n'avoir jamais forniqué ? Ils ne savent même pas ce que c'est ! Vous n'êtes parfaits que par manque d'imagination ! L'apparition de ces créatures imparfaites, capables de faire le mal, rehaussera d'autant le bien. Car celles qui l'auront choisi l'auront fait en connaissance de cause. J'ai repris timidement. - Je m'excuse, Seigneur, mais si elles choisissent le mal ? - Justement, c'est tout le... Il S'est Interrompu comme s'Il Avait dit une bêtise et A Repris d'un air grave : - Ce serait regrettable. Mais enfin, elles seront libres. - Tout de même, ce seront Vos créatures... - C'est vrai. Humm que faire ? Il s'est Gratté la tête et s'est Exclamé : - Je sais. Nous les Exhorterons... en Promettant récompense à celles qui choisissent le bien et châtiment à celles qui choisissent le mal... Nous Serons ainsi définitivement Déchargé de toute responsabilité à cet égard. - Judicieuse analyse, a ânonné Gabriel. - Et pour faire plaisir à Satan, Je Pardonnerai même à ceux qui se repentent ! - Quelle générosité, Seigneur, roucoulait Raphaël. - Bon, eh bien pensons à la suite. Gabriel, prends quelques anges et forme une commission chargée d'étudier les moyens de mettre en oeuvre ce projet. Je Veux un plan d'action détaillé pour... hmmm... dans trois jours. - Trois jours seulement ? s'est étonné Gabriel ? Je l'ai appuyé. - Il a raison, Seigneur. Ne vaudrait-il pas mieux prendre un peu plus de temps, afin de bien peser tous les aspects du problème ? C'est une entreprise colossale dans laquelle nous nous lançons. Bâcler le travail pourrait avoir des conséquences néfastes pour des milliers d'années ! - Eh bien Mettons trois jours et trois heures. Au travail les anges et rapportez-Moi un projet en béton ! Et Il a fait faire demi-tour à son nuage. V J'ai passé ces trois jours à me ronger les ongles. Je n'avais pas été choisi pour élaborer le projet, peutêtre en raison du manque d'enthousiasme que j'avais manifesté. Comme le spectacle avait été interrompu pour libérer les membres de la commission, je me trouvais désoeuvré et n'avais d'autre chose à faire que de retourner l'idée de l'Autre dans tous les sens.
Plus j'y réfléchissais, plus elle me paraissait saugrenue. J'en ai discuté avec Moroth. Il ne partageait pas mes craintes, confiant qu'il était en Gabriel : - La commission va régler tous ces problèmes, ne t'en fais pas. - En trois jours ? Alors que c'est un projet qui nous engage pour des milliers d'années ? - Allons, trois jours ou trois éons ne changent rien, je suis sûr qu'ils feront un excellent travail. Je lui ai opposé une série d'objections très concrètes, qu'il a balayées d'un geste de la main. - Je crois que tu es fatigué. Tu ferais mieux de dormir un peu. Je me suis retiré dans un coin de nuage, légèrement contrarié par l'insouciance de mon camarade. Je suis resté là, tête sur le coude, à laisser errer mon regard. Le ciel était étrangement calme. Plus de traces du grand spectacle sidéral dans lequel nous baignions depuis l'Origine des origines. Quelques groupes d'anges désoeuvrés erraient sur leurs nuages. D'autres en profitaient pour ronfler sans vergogne, mains sur la poitrine. Un ange trompettiste luisait le cuivre de son instrument, un peu terni par les milliards d'années. Peu à peu, je me suis laissé aller à une douce torpeur et me suis endormi moi aussi. VI J'ai été réveillé par un grand remue-ménage. Les nuages tournaient dans tous les sens, en proie à une agitation sans précédent. - Ils arrivent ! Ils ont complété leurs travaux en trois jours et deux heures seulement ! Gloire à Gabriel et à ses acolytes ! - Que l'heure qu'ils ont épargnée soit utilisée à chanter leurs louanges ! - Gloire à Celui Qui les A Créés ! - Gloire à Sa Gloire ! Je me suis frotté les yeux et ai vu arriver Gabriel bombant le torse, à l'avant de son nuage. D'un geste de la main, il a fait signe à l'assistance de se taire. - L'a-t-on prévenu de la clôture des travaux de la commission ? - C'est fait Gabriel, c'est fait, Il Arrive ! Effectivement, à ce moment même, le ciel s'est illuminé d'une lumière si intense que nous avons cligné des yeux. Le tonnerre a retenti et un vent tourbillonnant a soulevé nos liquettes. Il Arrivait. - Eh bien Gabriel, A-t-Il Murmuré, on Me dit que les travaux sont terminés ? - Effectivement, Seigneur. Je crois que nous avons résolu tous les problèmes pratiques. - Je t'Écoute. - Première conclusion de la commission : si nous voulons créer des êtres vivants, il leur faut un biotope, c'est-à-dire, un endroit où ils pourront habiter. - Pourquoi pas les nuages ? - C'est que cela poserait de multiples problèmes pratiques : exiguïté, et surtout possibilités de développement trop limitées. Aussi avons-nous opté pour un monde. - Un quoi ? - Un monde. Vous Allez Comprendre. C'est un objet que Vous Créerez en six jours. Le premier jour, Vous Vous Occuperez de la lumière, le deuxième, de (etc.). Une vague d'admiration a parcouru les anges. - Louanges à Gabriel et à ses visions ! - Béni soit celui qui nous entraîne si loin ! - Bon, les A Interrompu l'Autre. Et que feront les créatures dans tout cela ?